Appel à communications

Contexte et objectifs

Chaque année est une année-clé. Dans chaque pas de temps, quelque chose s’accomplit. Chaque moment, présent, passé ou futur, compte un événement majeur, mais il suffit de changer de point de vue pour que tel moment gagne ou perde de l’importance, pour que tel autre, de «  mineur  », voire anecdotique, devienne fondamental pour les historiens. Partant de cette hypothèse, nous avons retenu la date de 1989, à laquelle nous faisons jouer le double rôle de prétexte et de repère pour tenter une archéologie architecturale du présent. Notre investigation, qui relève de ce que l’on a pu appeler «  l’histoire du temps présent  », est partie de la France, pour s’ouvrir peu à peu à des perspectives internationales. 

A l’échelle géopolitique mondiale, 1989 voit l’éclatement du face à face entre l’Occident et les blocs de l’Est, l’effondrement du communisme, les redéploiements industriels qui annoncent la mondialisation, les prémisses de la guerre du Golfe, les tracés de nouvelles frontières, l’affermissement des préoccupations écologiques après la catastrophe de Tchernobyl… A l’échelle de la France, les célébrations du bicentenaire de la Révolution occupent l’espace médiatique. Dans le domaine de l’architecture, elles entrent en résonance avec les «  grands travaux  » présidentiels, équipements de prestige voulus par François Mitterrand, qui sont inaugurés un an après sa réélection à un deuxième mandat. Si l’histoire de l’architecture officielle tend à ne regarder que les «  grands événements  » qui occupent le premier plan, nous avons souhaité, justement, «  aller voir ailleurs  », à nous approcher de faits jugés trop vite secondaires, donc sans doute trop vite oubliés. Parfois, ce qui était passé presque inaperçu sur le moment s’avère fondateur.

L’ambition peut paraître modeste dans ses objets, mais elle est audacieuse dans ses objectifs. Les sondages effectués dans les coulisses et les contextes de l’histoire officielle offrent des perspectives inattendues sur le champ architectural, qui ne manqueront pas de nous confronter à l’héritage de la modernité, de la post-modernité, et bientôt de la sur-modernité. Enfin, parlant d’architecture, comment ne pas aborder les multiples échelles – design, intérieurs, bâtiments, voisinages, villes, territoires, paysages – mais aussi les multiples champs – économie, technique, art, politique, sociologie, écologie, numérique – avec lesquels elle interagit  ? 

Les «  hauts faits  » qui occupent en 1989 le devant de la scène française sous l’égide d’un État aménageur tout puissant, qui fait la démonstration de sa puissance à Paris peut-être pour la dernière fois, avec la construction de la pyramide du Louvre, de la Grande Arche de la Défense et de l’Opéra Bastille, occultent une infinité d’événements moins identifiés et peu médiatisés. Pourtant, ces derniers informent, tout autant sinon plus, cette période de l’histoire et ses incidences sur le monde d’aujourd’hui.

 

Orientations

Le colloque 1989 représente l’aboutissement d’un projet collectif porté depuis 2017 par le laboratoire ACS-UMR AUSser 3329. Plusieurs thèmes de recherche, dont les propos se croisent, ont été explorés : la redistribution des rôles entre l’État, les collectivités locales et le privé ; les mutations de l’habitat  ; les bouleversements dans l’enseignement de l’architecture ; la prise en compte croissante des défis écologiques ; les conséquences des basculements politiques dans les pays de l’Est et du bassin méditerranéen. 

Les chercheurs se sont réunis autour de trois grandes thématiques  :

Habitat

Puisque les feux de la rampe sont braqués sur les grands équipement publics d’envergure nationale, les programmes de logement, avec leur échelle domestique et leurs implantations disséminées sur le territoire, sont parfois oubliés. Pourtant, des 1981, l’association Banlieues 89 s’est donné pour mission de réparer des périphéries dont on mesure la souffrance. Des questions surgissent, des expériences sont menées. On parle d’innovation, de participation des habitants, de flexibilité d’usage, de nouvelles manières d’habiter, de types intermédiaires, de formes urbaines, parfois même d’auto construction… 

Culture, enseignement, médiatisation

En 1989, l’enseignement de l’architecture est confronté à des enjeux tels que la décentralisation, l’ouverture européenne, l’essor de l’écologie, le rapprochement avec l’université, l’institutionnalisation de la recherche ou encore l’apparition des nouvelles techniques de communication. En tant qu’institutions publiques, quels sont les rôles des écoles d’architecture face à ces évolutions  ? Dans le même temps, pour la profession, la communication devient un enjeu important, et il s’agit de trouver des stratégies pour occuper les espaces de médiatisation.

Mondialisations, achèvements, inachèvements

On l’a vu, l’ordre du monde connaît de multiples bouleversements autour de 1989. Par delà les phénomènes géopolitiques et économiques, qui mettent à mal des notions comme celle de frontière, on pense à la mise en crise des pensées de la modernité ou à l’apparition du world wide web. Comment ces nouvelles donnes – qu’elles soient philosophiques, culturelles, politiques, voire militaires – influencent-elles les théories et les pratiques de l’architecture  ?

Axes de réflexion

Ces thématiques (habitat - enseignement, médiations, culture - mondialisations, achèvements et inachèvements) nourrissent les axes de questionnement dans lesquels les propositions de communications devront s’inscrire :

 

1.Nouveaux acteurs, nouvelles missions

Avec la redistribution des rôles entre l’État, les collectivités locales et le privé selon une perméabilité croissante entre ces sphères, comment les processus de décision sont-ils recomposés  ?

De nouvelles figures d’acteurs (professionnels de la maîtrise d’ouvrage ou de la maîtrise d’œuvre, associations d’usagers, mais aussi enseignants, chercheurs, communiquants, médiateurs culturels…) du monde de l’architecture et de la construction apparaissent. Comment tentent-elles de se positionner les unes par rapport aux autres  ?

 

2. Nouvelles préoccupations, nouveaux outils

Comment sont pris en compte les idéaux architecturaux de l’époque dans le cadre des mutations de l’habitat?

Bouleversements dans l’enseignement de l’architecture: quels sont les nouveaux atouts?

Les préoccupations et les discours écologiques  suscitent-ils, dans la théorie et dans la pratique, des postures professionnelles et militantes clairement identifiables  ?

L’émergence du monde numérique bouleverse peu à peu le secteur du bâtiment mais aussi les modes de conception, voire les formes  : comment les architectes se saisissent-ils (ou refusent-ils de se saisir) des ordinateurs et d’internet  ?

 

3. Nouvelles échelles, nouveaux enjeux

L’Europe en constitution, les mondialisations créent-elles de nouvelles donnes? 

Quelles sont, au niveau de la forme  architecturale et urbaine, construite et spatiale, les implications des évolutions politiques, sociales-économiques  et culturelles  – en termes d'esthétique, langage, modèles, identité(s)  ?

 

 

Bibliographie indicative

BONNEUIL Christophe, PESTRE Dominique (dir.), Histoire des sciences et des savoirs, vol III, Paris, Seuil, 2015. 

COHEN Jean-Louis, DAMISCH Hubert, Américanisme et modernité. L'idéal américain dans l'architecture, Paris, EHESS-Flammarion, 1993. 

CURTIS William, L’architecture moderne depuis 1900, London, Phaidon, 3ème édition 2006.

CUSSET François, La décennie, Le grand cauchemar des années 1980, Paris, La Découverte, 2006.

DAL CO Francesco, TAFURI Manfredo, Architecture contemporaine, Paris, Milan, Gallimard-Electa, 1991.

DELACROIX Christian, DOSSE François, GARCIA Patrick, OFFENSTADT Nicolas (dir.), Historiographies I et II, Paris, Gallimard, 2010. 

FRAMPTON Kenneth, L’architecture moderne, Une histoire critique, Paris, Philippe Sers, 1985.

GROSSER Pierre, 1989 L’Année où le monde a basculé, Paris, Perrin, 2019.

HARTOG François, Régimes d'historicité. Présentisme et Expériences du temps, Paris, Seuil, 2003.

HAYS Michael (dir.), Architecture, Theory since 1968, Cambridge, London, MIT Press, 2000.

HEYNEN Hilde, Architecture and Modernity. A Critique, MIT Press, 1999.

JAMESON Fredric, Le Postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif, Paris, ENSBA, 2007.

LUCAN Jacques, Architecture en France (1940-2000), Paris, Le Moniteur, 2001.

MESCHONNIC Henri, Modernité modernité, Paris, Verdier, 1988, folio-essais Gallimard, 1994.

NESBITT Kate, Theorizing a New Agenda for Architecture. An Anthology of Architectural Theory, 1965-1995, Princeton Architectural Press, 1996.

NOIRIEL Gérard, Une histoire populaire de la France, Paris, Agone, 2018.

POTIN Yann, SIRINELLI Jean-François, Générations historiens, Paris, CNRS, 2019.

 

Conseil scientifique

George Arbid, co-fondateur et directeur de l’ACA-Arab Center for Architecture.

Sabri Bendimérad, Maître de conférence TPCAU à l’ENSA de Paris-Belleville, membre du laboratoire Architecture, Culture, Société / UMR AUSser 3329.

Mihaela Criticos, Maître de conférence d’histoire et théorie de l’architecture, Université d’Architecture et d’Urbanisme « Ion Mincu », Bucarest.

Anne Debarre, Maître de conférence HCA à l’ENSA de Paris-Malaquais, membre du laboratoire Architecture, Culture, Société / UMR AUSser 3329.

Jac Fol, Professeur SHS à l’ENSA de Paris-Malaquais, directeur du laboratoire Architecture, Culture, Société / UMR AUSser 3329.

Ana Tostões, Professeur d’histoire et théorie de l’architecture IST-U Lisboa, Présidente de Docomomo International.

 

Comité d’organisation

Sabri Bendimérad, Maître de conférence TPCAU à l’ENSA de Paris-Belleville, membre du laboratoire Architecture, Culture, Société / UMR AUSser 3329.

Anne Debarre, Maître de conférence HCA à l’ENSA de Paris-Malaquais, membre du laboratoire Architecture, Culture, Société / UMR AUSser 3329

Emma Filipponi, Post-Doc à l’ENSA de Paris-Malaquais, membre du laboratoire Architecture, Culture, Société / UMR AUSser 3329

Jac Fol, Professeur SHS à l’ENSA de Paris-Malaquais, directeur du laboratoire Architecture, Culture, Société / UMR AUSser 3329.

 

Modalités de candidature

Les propositions doivent s’articuler autour de l’année-clé 1989, en France et à l’étranger, etpeuvent venir du monde académique ainsi que du monde institutionnel et professionnel. La réponse à l’appel à communication doit comporter:

  • une proposition de 1500 signes maximum (espaces compris) ou 250 mots, en français ou en anglais, avec un titre provisoire, une bibliographie limitée et la description des sources mobilisées pour la recherche;
  • un court CV de l’auteur, précisant sa situation professionnelle et académique et, le cas échéant, son rattachement institutionnel.

Les propositions seront ensuite examinées par le comité scientifique du colloque en modalité peer review.

 

Les propositions de communication sont à déposer sur la plateforme https://1989.sciencesconf.org, en cliquant sur l'onglet  "Nouveau dépôt" et ensuite "Connexion" (si vous n'avez pas encore un compte SciencesConf ou HAL, vous devez en créer un). Le texte de la proposition doit être inséré dans le champ "Résumé". Le CV (en format PDF) doit être déposé dans l'étape 3 du dépôt, dans le champ "Données supplémentaires" > "Déposer un fichier".

Pour toutes autres informations vous pouvez contacter l’équipe d’organisation du colloque à l’adresse suivant: colloque1989@gmail.com

 

Calendrier et localisation

Date limite de soumission des propositions: 1er septembre 2020

Notification de l’acceptation aux auteurs: 15 septembre 2020

Date limite de soumission des textes: 10 novembre 2020

 

Le colloque se tiendra le 19 mars 2021 en distanciel sur plateforme Zoom.

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